From the first collection, entitled Obývací nepokoje (Living No Room), the verse of Petr Hruška was distinguished by its Impressionist obsession with the moment and detail. In his poetic world everyday people and things appear with a fateful intensity, step out of ordinary wings and onto the stage, and take on metaphysical dimensions: the moment is eternity, detail the universe – ‘This speck of silence / Is sadness / This little vein of song / Perfect happiness’. Hruška’s reflective, basically autobiographical verse – written concisely, almost laconically, ‘without pointlessness, that is to say, without lyrical prattle’, as Ivan Wernisch describes it on the jacket – is inspired by the spontaneity of the Poetist imagination and, on the other hand, the Magic-Realist or Surrealist accentuation of mysterious, distressing, and dreamy aspects of reality. Whereas the poems in his debut work were set in the open, in the urban scenery of Ostrava, the verse in the collection Měsíce (Months) and in the next volume loses movement, the author concentrating on a surmised world in the space of a single room, unable ‘to take his eyes off that whirling, that vigorous crowd of a small life’. At the same time his verse, now chiefly probing the everyday, intimate, sheltered places and meanders of the interpersonal universe, has been saturated with a need for responsibility for this world and a subjective perception of time: ‘Somewhere in the foothills of that (…) gesture it towers with tension and inner dramas, till it becomes unbearable. The one who evokes them is time. In Měsíce it is, paradoxically, as if time stood still or, better said, had become disjointed, and while one time, an almost measurable one, was embodied by the rigidity of the towering walls of the living room, the passing glances and fragments of the “course of life”, the other time, an inner one, running across the action, has accelerated almost to the point of anxiety. Each stop, each staying put, each attempt to hold on to and to preserve the intimateness of the moment simultaneously therefore opens the unfathomable depth, which, in the fall, blurs the outlines of all the nearest certainties,’ says the note on the jacket. The volume Vždycky se ty dveře zavíraly (The Door Always Used to Close) brings a new element to Hruška’s style, namely a formal shift towards poetic prose and a veiled amatory intonation. As Hruška said in an interview: ‘I think that real grace and gracefulness appear only where all the gloominess, depression, and weariness of life, all the “loneliness of the relationship” are somehow present as well. Only in the midst of that can a thin thread of light shine, a thin thread, however, which contains all the fateful nearness that two people are capable of.’
* * * *
Depuis son premier livre, Obývací nepokoje [Inquiétudes habitables], la poésie de Petr Hruška se distingue par une obsession toute impressionniste de l’instant et du détail. Dans son monde poétique, les choses et les gens de tous les jours se donnent à voir avec une intensité implacable, ils quittent les coulisses des situations ordinaires pour revêtir des dimensions métaphysiques : l’instant se fait éternité, le détail devient tout l’univers – « ce brin de silence / c’est la tristesse / cette veinule de chanson / tout le bonheur ». Concis, presque laconiques, « sans superflu, c’est-à-dire sans baratin lyrique » (selon les mots d’Ivan Wernisch sur la quatrième de couverture du premier livre de P. Hruška), ses vers sont réflexifs et fondamentalement autobiographiques. Si la spontanéité de l’imaginaire porte la marque du poétisme (courant majeur des avant-gardes tchèques de l’entre-deux-guerres), le penchant pour les moments mystérieux, angoissants et oniriques de la réalité renvoie au réalisme magique et au surréalisme. Tandis que les poèmes de son premier livre étaient encore situés dans un espace ouvert – le décor urbain d’Ostrava –, à partir du recueil Měsíce [Les Mois], le mouvement et l’animation s’éclipsent de la poésie de P. Hruška : dès lors, l’auteur se consacre au monde pressenti dans le cadre restreint d’une chambre et « ne peut détacher les yeux de ce tourbillon, de cette multitude puissante rassemblée par une petite vie ». Si ses vers s’attachent avant tout à explorer l’intimité quotidienne des replis de silence et des méandres propres à l’univers des hommes, un besoin de répondre de ce monde se fait jour, et une perception subjective du temps s’impose : ainsi qu’on peut le lire sur la jaquette du livre Měsíce, « quelque part, peu avant le sommet de ce [...] geste, un pic de tension et de drames intérieurs se dresse à en devenir insupportable. C’est l’œuvre du temps. Dans Měsíce, le temps semble paradoxalement arrêté, ou plutôt dédoublé : tandis que le temps mesurable a pris corps dans la raideur des murs du salon, dans les regards furtifs et les bribes du “cours de la vie”, l’autre temps, le temps intérieur, celui qui coupe à travers les événements, s’est accéléré jusqu’à l’angoisse. De la sorte, chaque halte, chaque atermoiement, chaque tentative de retenir et préserver l’intimité du moment ouvre tout ensemble un gouffre sans fond qui, pendant la chute, brouille les contours de toutes les certitudes, fût-ce les plus intimes. » Le livre Vždycky se ty dveře zavíraly [Cette porte fermait toujours] introduit dans la poétique de P. Hruška un glissement formel inédit vers la prose poétique ainsi qu’une discrète inflexion érotique : « Je pense que le véritable état de grâce et d’amour n’apparaît que là où sont présents, au grand complet, la tristesse, l’accablement et la lassitude de la vie, toute la “solitude d’une relation”. C’est seulement au milieu de tout cela que peut surgir ce filet de lumière, ténu, qui contient pourtant toute la proximité fatale dont deux êtres sont capables », affirme P. Hruška dans un entretien.